Plein champ Se passer des néonicotinoïdes
L'Union européenne a voté l'interdiction de trois substances actives couramment utilisées pour les plantes ornementales.
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L'Union européenne a voté l'interdiction de trois substances actives couramment utilisées pour les plantes ornementales.
Imidaclopride, clothianidine et thiaméthoxame : le 27 avril 2018, les États membres de l'Union européenne ont voté l'interdiction de ces substances actives appartenant à la famille des néonicotinoïdes pour le 19 décembre 2018. Cette décision fait suite à la mise à jour - le 28 février 2018, par l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) - de l'évaluation des risques de ces insecticides pour les abeilles. Elle estime qu'ils sont une menace pour la survie de ces insectes. Les conséquences de cette interdiction ne vont pas se limiter aux cultures céréalières et maraîchères. En effet, d'après un rapport de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) de mars 2016, les trois substances actives concernées sont utilisées pour la culture de nombreuses plantes ornementales. C'est par exemple le cas de Confidor Vert, un insecticide systémique contenant de l'imidaclopride, utilisé sur les rosiers contre les pucerons.Les cultures sous serre permanente sont exemptées par l'interdiction. La plupart des plantes vertes d'intérieur et des plantes à massif pourront continuer à être traitées. En revanche, toutes les productions qui se font - au moins en partie - à l'extérieur devront s'en passer. Exit donc le traitement en pépinière à base de néonicotinoïdes contre les pucerons.Mais si la loi européenne prévoit une exception pour les cultures sous serre, la loi française « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » de 2016 est bien plus restrictive. Elle vise à interdire toute la famille des néonicotinoïdes pour tout type de culture. Cette loi, votée et censée être appliquée le 1er septembre 2018 (*), n'a pour l'instant pas fait l'objet d'un décret d'application.
Quelles alternatives ? En attendant une possible application de la loi française, les producteurs doivent mettre au point des alternatives aux trois substances actives pour les cultures de plein champ. Ils peuvent s'appuyer sur le récent rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses). Publié en mai 2018, il détaille les alternatives aux néonicotinoïdes par type de culture et de ravageurs. L'Anses affirme qu'il existe au moins une alternative à ces insecticides pour tous les types de cultures horticoles. Pour une majorité des usages, l'agence estime même qu'il y a plusieurs options, chimiques et non chimiques, existantes et efficaces pour remplacer les néonicotinoïdes. Pour quelques usages, il existe soit uniquement des alternatives chimiques, soit non chimiques. C'est le cas pour les cicadelles et cercopidés sur arbres et arbustes, où la seule possibilité est le recours à des insecticides appartenant à la famille des pyréthrinoïdes (**).La fréquence des interdictions de divers produits phytosanitaires augmente du fait de leur nocivité pour la santé et l'environnement. Et il s'agit, à chaque fois pour les professionnels, de trouver des alternatives. Dans les espaces verts, l'utilisation de produits phytosanitaires est interdite depuis 2017. Les solutions mises en place pourraient inspirer les producteurs.
(*) Dérogations possibles jusqu'en juillet 2020.(**) Source rapport de l'Anses de mai 2018.
Légende photo : L'Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) estime que les néonicotinoïdes sont une menace pour la survie des abeilles. (c)Valérie Vidril
Léna Hespel
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